Arnaud Adami est de cette génération qui souhaite, d’une part, se ressaisir d’une peinture figurative qui a longtemps été boudée et qui, d’autre part, a pris conscience du pouvoir des images. Comme nombre de ses contemporains, il a compris l’impact qu’une représentation infidèle ou défaillante pouvait avoir sur les corps minorisés. Dans ses peintures, les muses ne sont donc pas des corps objectivés sur lesquels nous viendrions simplement poser notre regard ; ce sont des sujets agissants, doués de savoir-faire et dont il faut considérer la voix. Arnaud Adami évite aussi l’écueil de la folklorisation. S’il a choisi de faire siens ces sujets, c’est qu’il connaît la réalité des boulots précaires. Le peintre ne confisque ainsi aucune parole et s’exprime d’une place qui a été la sienne. Il use d’un savoir situé et ne projette sur l’autre nulle caractéristique stéréotypée. Enfin, il est intéressant de s’interroger sur la place de la technicité dans sa pratique, car celle-ci n’est pas anecdotique. Elle est un liant, un outil, moteur d’échanges. L’artiste va ainsi à contre-courant d’un art conceptuel qui réclame souvent une flopée de cartels pour tenter, toujours, et réussir, parfois, à plonger le public en émoi. Ici, l’approche est rétinienne et la technique est maîtrisée de sorte que l’autre se sente pleinement considéré. Que ses modèles soient médecins, travaillent au marché de Rungis, fassent des livraisons ou soient techniciens, Arnaud Adami les voit, les peint et précise ainsi leur existence autant que leur importance.